Mouvement Sensoriel
Le mouvement sensoriel fait appel à notre intelligence corporelle. Nous éveillons cette intelligence lorsque nous prenons le temps de sentir le corps avant de le mettre en mouvement.
Nous laissons naître l’intention d’un mouvement au cœur du corps, nous sentons comment il nous traverse, nous percevons sa densité, son orientation, et nous restons attentifs à nos sensations lorsque nous commençons à bouger.
La lenteur nous permettra de suivre le déploiement du mouvement, qui s’ajustera naturellement au jeu articulaire dans une globalité de l’ensemble du corps, nous révélant nos immobilités, et nous guidant vers des voies de passage.
De cette façon nous nous laisserons enseigner par notre corps et par nos ressentis, ce qui amènera un profond changement dans notre manière habituelle de bouger et dans notre rapport à nous-mêmes.
Avant une séance de mouvement sensoriel, nous commençons souvent par un temps d’introspection sensorielle pendant lequel, confortablement assis sur une chaise, pieds, bassin et dos déposés dans leurs appuis, mains déposées sur les cuisses, le corps au repos, nous nous rendons disponibles en nous désengageant des perceptions extérieures et de nos pensées. Et puisque nous ne pouvons pas nous intéresser à deux choses à la fois, il suffit pour cela de nous tourner vers nos sensations.
De même que lorsque nous contemplons un paysage, notre attention est souple et ouverte, sans attente, sans tension, réceptive. Nous prenons alors conscience de cette vie qui nous anime, et qui se manifeste par toute une variété de perceptions au sein même de notre corps. Il s’ensuit un dialogue intime avec notre profondeur, qui laissera place à un moment donné à une présence silencieuse. C’est dans cette qualité de présence à nous-mêmes que nous aborderons le mouvement sensoriel.
Pratiqués dans l’esprit de l’enseignement de Jean Klein, mouvement et introspection sensoriels mettent en relief différentes densités énergétiques et favorisent un ancrage corporel tout en participant à l’éveil du corps d’énergie. L’expérience peut alors facilement se transposer aux situations du quotidien et participer ainsi à l’accomplissement de l’être dans toutes ses dimensions.
« … Cette intelligence corporelle est souvent inhibée par notre mental. Nous bougeons en suivant aveuglément notre pensée, sans prendre le temps de passer par le corps. Ce qui nous prive de la sensation de notre mouvement et nous morcelle, contribuant à maintenir la dichotomie entre le corps et l’esprit. Tôt ou tard, les deux finissent par en souffrir : le corps s’exprimera par des douleurs dues aux incohérences motrices et posturales répétées, l’esprit par un sentiment de perte de sens. On n’a pas d’appétit lorsqu’on a le nez bouché et qu’on ne sent plus rien. »
(extrait de mon livre « Les saisons du yoga »)
Barbara Litzler